Si il y a une danse quelque part, le gamelan est là aussi. Presque toujours, car danse et gamelan sont en corrélation. Il faut savoir que ces deux formes d'expression sont un tout. Dans un cas elle est visuelle, dans l'autre elle est sonore. Mais il s'agit du même rythme, de la même énergie. Le rythme du gamelan devient visible dans le corps du danseur. Et LE GAMELAN EST UNE DANSE en soi, une danse des sons.
L'orchestre est en étroite interaction avec le danseur, chaque mouvement, chaque geste se reflète dans la musique et vice versa. On peut même imaginer le danseur comme un instrument du gamelan mais visuel plutôt que sonore. Ses mouvements semblent se complaire à participer à la complexité de la musique. Ses postures anguleuses semblent répondre aux frappements des instruments. Ses yeux ont le même éclat que les sons du métal. L'entente entre danseur et orchestre n'est pas moins qu'un rebond d'énergie dans le rythme de la musique. La complicité est grande entre le danseur et le tambour.
Il arrive que le danseur vienne jouer un instrument tout en continuant à bouger de manière dansée. Et observons les joueurs aussi, avec leurs frappements synchronisés. Leurs bras, leurs tête, n'est-ce pas déjà une danse ?
En tant qu'arts, danse et gamelan sont deux aspects d'une même tradition qui comprend aussi le théâtre d'ombre et la danse masquée. Comme les instruments des gamelans, les marionnettes, les masques et les statues abritent des esprits et peuvent accueillir des divinités. Quand c'est le danseur qui accueille une divinité, sont corps devient une marionnette grandeur nature, ses yeux deviennent ceux de la divinité. Les joueurs du gamelan sont possédés par la même énergie que celle du danseur.
On est en présence d'une tradition où mouvement et rythme l'emportent sur inertie et fixité. Les arts comme la sculpture et la peinture sont de second ordre. Mais les sculpteurs et peintres indiens, khmers, javanais et aujourd'hui balinais ont cette magie de donner un aspect dansant à leurs pièces d'uvre. Sur le bois, la pierre ou le bronze, ils produisent des scènes qui semblent bouger au-delà de l'immobilité intrinsèque de la pièce. Ils ne considèrent aucun art comme de second ordre, tout est danse pour eux.
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