Si la majeure partie de la tradition se centre dans les îles de Java et Bali, le gamelan est en fait assez étendu dans l'archipel, depuis la péninsule malaise jusqu'à l'île de Lombok. Cet ensemble musical prend des formes très variées, voire étonnantes, d'une région à l'autre. Certaines de ces formes méritent qu'on s'y attarde, pas seulement pour leur avenir éventuellement menacé, mais simplement pour leur valeur purement musicale. Elles peuvent même représenter un intérêt historique en tant que témoins clefs de l'évolution ancienne de cette musique.
C'est dans les zones 5 et 6 que la tradition du gamelan est la plus forte, que les gamelans sont les plus variés, les plus nombreux, les plus joués. Toutes les zones ont reçu leurs gamelans de Java, véritable île exportatrice, que ce soit récemment ou anciennement. Plus l'importation est ancienne, plus le gamelan est différent de ce qu'on connaît aujourd'hui à Java. Même les gamelans balinais résultent d'exportations javanaises successives ; c'est en fait l'exportation la plus ancienne, qui garde même des formes disparues de l'île d'origine.
Les zones 2, 3, 7 et 8 doivent leur existence aux keraton ou dépendances javanais locaux des siècles derniers. Beaucoup de ces dépendances, telle la zone 8, étaient sans doute trop éphémères pour qu'on puisse entendre aujourd'hui leurs gamelans.
Aujourd'hui encore, les émigrés javanais emmènent leur gamelan dans les grandes métropoles d'Indonésie et au-delà. Ces gamelans sont semblables à ceux de Java puisque l'exportation est contemporaine. Les zones 3 et 4 sont intéressantes, les gamelans javanais et techniques javanaises contemporains se mêlent aux ensembles instrumentaux locaux remontant peut-être à Sriwijaya.
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