Architecture du rythme sculpté

Qu'est-ce, un gamelan ?

What is a gamelan ?
  1. Aperçu
  2. Description visuelle
  3. Description auditive
  4. Le gamelan dans son contexte

Description visuelle

En attendant les joueurs

Voilà, devant soi, un ensemble d'objets bien bizarres. On dirait des meubles, certains en forme de lit ou de bateau. S'agit-il de l'œuvre d'un sculpteur fou ? À moins que ce ne soit des machines, mais quelle serait alors leur fonction ? Que sont ces grands plats ronds suspendus au fond ? Et ces assiettes posées en paires au sol ? Que sont ces séries de casseroles sans manche et de théières sans bec ? Il y a encore une possibilité : tout cela pourrait-il servir à faire de la musique ? Mais quelle genre de musique ?

Ce doit bien être des instruments de musique. À la simple vue de cet ensemble, on perçoit déjà un rythme, un rythme visuel et immobile. Un tel amas d'instruments, peut-il servir à autre chose que de jouer en rythmes ? Les instruments semblent dégager un rythme alors même que les joueurs ne sont pas là. Quel autre ensemble musical dans le monde peut prétendre dégager une telle puissance aux yeux ? La forme même des instruments semble sculptée par les rythmes qui émanent de l'ensemble. Le nombre des instruments aussi ne semble pas vouloir contredire cette impression générale.

Et tout ce métal, quel éclat ! On est ébloui comme si le rythme était reflété par des centaines de miroirs. Le rythme, le nombre, le métal, les sculptures, les couleurs, c'est trop. On est pas seulement impressionné, on doit être émerveillé, ou bien effrayé.

Comment vont-ils y jouer ?

Est-ce que tout ça peut donner quelque chose de cohérent, musicalement paralnt ? Qu'est-ce qu'un groupe de vingt-cinq joueurs va bien pouvoir faire de ça… ÇA ? On se doute bien qu'un soliste ne pourra pas sortir grand chose de cette collection affolante d'instruments. Il faut bien que le nombre de joueurs réponde au nombre de gongs et de je ne sais quelles autres percussions. Il faut bien aussi que ces joueurs se mettent d'accord entre eux, sinon ce serait une cacophonie. Il faut bien qu'ils se répartissent les tàches, qu'ils aient une structure globale où chacun sait se situer par rapport à l'ensemble, où l'individu ajuste ses coups entre ceux des autres instruments. Autrement, que faire d'un tel mélange d'instruments ? On est en droit d'imaginer que ces braves joueurs savent s'organiser, coopérer, ont une science de l'organisation musicale. Si ce n'est pas le cas, je préfère retourner à ma pauvre guitare avec ses quelques cordes bien sages.

À l'arrivée des joueurs, on est rassuré. Ils sont nombreux, ils sont bronzés, ont tous le même vêtement, ont une fleur dans les cheveux.

Les vingt-cinq personnes s'asseyent par terre, chacun devant un instrument. Ils commencent à jouer, le gamelan prend vie. Personne n'est debout, personne ne lit. Personne ne pince, ne frotte ou ne chante. Il y en a un qui souffle, mais il semble tellement insignifiant parmi l'ensemble. Tout le monde frappe, tape, bat ou étouffe. Les instruments se trouvent à même le sol, ils sont lourds. Les joueurs ne les portent pas, ils viennent et partent mais les instruments restent.


 À propos du site… Date de cette page : 22 SEP 2005