On ne peut pas simplement voir l'Inde comme une seule entité culturelle et ensuite comparer ses danses avec la tradition de danse javano-balinaise. C'est un sous-continent avec plusieurs traditions de danse de différentes origines. Certaines de ces danses sont pertinentes pour comparer avec les danses javanaises et balinaises de type indien, d'autres ne le sont pas. En regardant les danses de différentes parties de l'Inde tout en pensant à des liens avec les danses javanaises et balinaises, il émerge une division générale nord-sud : la partie méridionale du sous-sous-continent laisse voir de meilleurs candidats. En général, la partie septentrionale se montre plus conventionnelle du point de vue esthétique de l'Asie occidentale. Une exception notable est la vallée de Katmandou où on peut trouver aujourd'hui une danse semblable aux formes méridionales. Cette danse a l'air d'avoir été isolée du sud par l'apparition du kathak et de la culture moghole en Inde du nord.
En passant maintenant à la danse en Inde du sud, il faut encore prendre des précautions car une grande part des danses classiques indiennes qu'on voit aujourd'hui ne sont que des reconstructions d'un art perdu. La démographie, la colonisation ou d'autres facteurs ont sorti la danse de son contexte, de sa fonction rituelle. Beaucoup a été oublié lors de la reconstruction, y compris technique, costume, cadre et ambiance rituelle. Peut-être, à l'heure actuelle, le Kérala et la côte de Malabar ont des danses qui peuvent être le mieux comparées avec celles de Java et Bali. Le baris, par exemple, est mieux comparé avec le kathakali que le bharata natyam. D'un autre côté, la danse balinaise et javanaise manque parfois d'un certain dynamisme qu'on peut trouver en Inde du Sud et au Sri Lanka. L'érotisme, aussi, peut être présent en Inde mais semble ne jamais être passé en Asie du Sud-Est. À Java, les gestes de danse et le rythme semblent inhibés trop souvent. C'est une perte de dynamisme qui peut partiellement s'expliquer par la nouvelle foi de l'Asie occidentale qui s'est répandu là. Mais il doit y avoir au moins deux autres facteurs, présenta à Bali aussi.
- L'Indonésie a aussi un style de danse qui est lent, non-rythmique, avec les bras baissés. Cette danse n'est vraisemblablement pas d'origine indienne et pourrait être comparable aux danses de certaines îles du Pacifique. Elle a influencé la danse indienne des cours et temples javanais et balinais. En conséquence, la soit-disant danse peut devenir ennuyeuse à regarder. Même dans des danses moins ennuyeuses à Bali, les mouvements de jambe des danses féminines semblent plus pauvres que leurs équivalents en Inde du sud et Sri Lanka. Les danses masculines de Java et Bali ont mieux gardé intact une manière indienne de bouger les jambes.
- Au cours des siècles, l'accompagnement musical de la danse indienne à Java et Bali devenait de plus en plus grand, engendrant les grands gamelans d'aujourd'hui. Ces grands gamelans sont aussi lourds que complexes. Ils sont difficiles à gérer musicalement, unifier, diriger. Indirectement ceci a été un fardeau sur la danse. À la longue, une sorte de compromis s'est produit durant le développement artistique de la danse et du gamelan : la danse indienne a donné une partie de son énergie à son ensemble d'accompagnement. Le gamelan, bien qu'il soit une lourde collection de morceaux séparés, est maintenu malléable rythmiquement et mélodiquement grâce aux besoins de la danse. Il parvient à produire de la vraie musique.
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