Les hypothèses A, B et C semblent indiquer aussi que indien et indianité ne sont pas des notions strictement géographiques. L'aspect indien d'un art, d'un système d'écriture, d'une légende, ou même d'une ethnie, ne dépent pas de sa localisation ou non dans le sous-continent Indien.
Pensons à l'Angkor Wat, cette merveilleuse structure qui fait pâlir plus d'un Taj Mahal en ce qui concerne l'indianité. Cet édifice est pourtant bien enraciné dans la terre khmère et se trouve à des mois de voyage (à l'époque) de la péninsule indienne.
Pensons encore aux danses : si on devine une esthétique indienne dans de nombreuses danses en Asie, c'est surtout dans le sud-est asiatique que l'influence est palpable, et ce sont les danses khmère et javanaise qui manifestent une esthétique et une technique franchement indiennes.
Même dans le domaine anthropologique, on doit constater un air de famille entre les aborigènes de la Terre d'Arnhem, en Australie, et la race mélano-indienne d'Inde. Ces aborigènes australiens ne sont pourtant pas des immigrants indiens.
Dans le domaine littéraire, pensons par exemple au Ramayånå, répandu dans presque tout le sud-est asiatique. Il a inspiré et influencé des récits ultérieurs propres à leurs pays créateurs. Ils sont locaux et n'existent pas en Inde mais font toujours partie de la tradition littéraire pan-indienne et gardent toujours une saveur indienne. Les histoires de Ramå peuvent traverser langues, pays et versions mais il y a bien quelque chose qui TRAVERSE. Quelque chose de plus que l'intrigue elle-même. Il faut la chercher dans les personnages, dans le décor, la sauce. Il faut percevoir la saveur de cette sauce, cette même saveur que l'on retrouve dans la danse, la sculpture, la vie quotidienne, le climat. Elle compte plus que tel ou tel scénario, fût-il créé récemment en tel ou tel lieu.
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